Il nous faut maintenant aborder ce qui donne une originalité particulière à la vie pour que celle-ci puisse s’exprimer en tant qu’humain. Suivant la position adoptée par le réalisme vital, ce n’est pas un corps physique qui est en vie mais le processus vital qui se dote d’une forme humaine. Le processus vital existe parce qu’il peut être observé au travers de la tendance à l’organisation des différentes classes de mouvement universel. Un mouvement n’est mouvement que pour celui qui l’observe même si celui-ci a été anticipé. Si un mouvement se manifeste, c’est parce qu’une matière se donne à l’observation par ce mouvement.
Qu’une matière soit sous la forme d’un objet inerte ou d’un objet animé, dans les deux cas, différents mouvements les manifestent à l’observation. Pour l’objet animé, il s’agit en premier de son comportement au sein de son contexte, puis de sa forme et enfin de sa nature, pour l’objet inerte il s’agit en premier de sa forme avant d’être sa nature puis son comportement. Ce qui nous apparaît comme une évidence naturelle, l’existence d’une matière observable, n’est en réalité qu’une fausse évidence puisque toute chose réelle n’est vraiment réelle à notre conscience, que parce qu’elle naît en premier dans l’esprit de celui qui l’observe.
Ce drôle de mécanisme est l’exact mécanisme de la réalité, ce qui est observé est ce qui naît en soi avec un temps différé d’un passé (l’oubli de l’origine de la perception), qui donne à l’objet observé les propriétés d’un espace dont la surface se réfère à la forme perçue de soi (ici l’observateur en 3D) et dont la distance de séparation implique qu’il vienne d’un futur (le temps de la perception). La présence de l’objet est ainsi vécue comme un instant de vie qui a permis cette interaction entre l’observateur et l’objet observé. Cette interaction possible, est à l’origine de la notion de flèche temporelle qui stipule l’existence d’un passé, présent, futur pour toute observation.
Maintenant, portons notre attention sur l’origine d’une perception. Ce qui naît dans notre esprit, ne naît pas en conscience car cela rendrait inutile l’interaction menant à une perception. C’est donc bien le percept qui est en relation avec la conscience, et cela ne peut être fait que par l’information de l’existence du percept. Nous avons vu précédemment que l’instant de vie, soit une fraction du processus vital, est la caractéristique des conditions de l’existence d’une interaction entre un objet perçu, et l’observateur de cet objet. Donc, l’information reliant une fonction de conscience à un percept, ne peut en aucun cas être en relation avec le processus vital car pour cela, il faudrait que l’instant de vie soit partagé entre une interaction extérieure au corps de l’observateur et une situation intérieure au corps de celui-ci, ce qui est impossible sauf à fusionner dans l’unité la dualité intérieure/extérieure, ce qui amènerait à l’impossibilité d’une conscience à exister.
Ce sont donc les conditions de vie, qui vont représenter les aspects d’une information dont la fonction est de relier un percept à une réalité de soi, par la reconnaissance de l’origine psychique de la perception objective d’un percept. La conscience devient donc sujet d’évolution, quand les conditions de l’information le permettent. Il va donc s’installer un rapport entre l’évolution d’une conscience et les conditions de cette évolution.
Le processus vital est la manifestation des possibilités des conditions d’interaction entre la position d’un observateur et un objet observé. Alors de la qualité du processus vital, va dépendre les conditions d’informations reliant une fonction de conscience aux percepts. C’est donc du profil psychique que va naître les objets de perception correspondant au temps manquant, caractéristique de l’absence de percepts pour former la conscience du réalisme vital de l’observateur, puisque les informations de soi ne sont pas là pour instaurer le rapport entre la conscience et le processus vital. Premier constat, la vie existe donc pour qu’elle puisse donner lieu à une conscience, reste à savoir si c’est d’elle-même, ou comme moyen pour que la conscience puisse être consciente d’elle-même.
Maintenant il faut nous attacher à la nature du profil psychique, puisque celui-ci est à l’origine des réalités perçues par un sujet, dont il constitue les propriétés de perception. Comment naît un profil psychique ? Par l’absence totale de considération de soi. En effet, dès la naissance un sujet est happé par son contexte de vie, ce qui lui donne l’expérience de la reconnaissance, en premier lieu, de son environnement dont il va discriminer progressivement une hiérarchie de valeurs fondatrices de l’importance chronologique de ses rapports futurs. C’est ainsi qu’en contextualisant ses instants de vie, un sujet conçoit avec le temps, un profil psychique qui devient l’acteur de ses interprétations de l’environnement puis de lui-même. L’intensité vécue par ce profil psychique ne va dépendre que de la plus ou moins grande qualité de respect de son propre processus vital, ce qui conditionne ses possibilités d’informations de conscience de lui-même et de son environnement.
Ainsi dans la perception d’un objet perçu, que va-t-on réellement percevoir et sous quelle forme ? Nous avons vu que ce que nous percevons est en réalité ce qui naît dans notre profil psychique, et que l’on perçoit extérieur à nous dû fait de l’ignorance consciente de l’origine de naissance des objets perçus. Il devient donc évident qu’en fonction de notre système de valeurs, nous élaborons des propriétés aux objets qui sont perçus. Ces propriétés vont dépendre du degré de conscience de la réalité, telle que notre système de valeurs peut en assumer une cohérence fonctionnelle. Ainsi nous ne percevons que ce que nous avons compris de la réalité, sous les formes qui la manifestent. Si nous prenons l’exemple d’une maison, en fonction de la connaissance des éléments qui nous donnes à connaître cette maison, nous y percevrons que ce que nous pouvons y déceler consciemment. C’est ainsi que par l’argumentation ici développée, la constitution d’un être humain va dépendre du soin apporté par celui-ci de vouloir constituer une conscience la plus large possible, de ce qui s’avère être l’ensemble des conditions de son existence consciente.
Maintenant touche-ton à l’essence de l’Homme ? Non, car ce qu’il manque est lié au mécanisme d’autonomie de la conscience qui permette à celle-ci d’ouvrir à la connaissance de sa propre existence. En effet, il faut se rappeler que sans conscience il n’y a pas d’être humain, mais sans conditions de la conscience elle-même il n’y a pas de conscience tout court. Seul l’être humain, donc sa personne peut faire naître une vie consciente, mais seule une conscience peut s’ouvrir aux raisons qui font d’elle ce qu’elle est, le moteur vital de l’expérience humaine. Alors comment envisager l’essence de l’Homme autrement que par l’expérience humaine ? Par un raisonnement intellectuel sur la réalité essentielle, qui permet la manifestation de tous les phénomènes naturels y compris l’existence humaine.
Pour assimiler une connaissance sur l’essence de l’Homme, il nous faut accepter un raisonnement intellectuel qui fasse de la conscience la forme d’une réalité universelle, qui soit l’essence de l’Homme. Cette approche est délicate, car il va falloir considérer la substance universelle comme étant la nature intrinsèque de l’Homme. L’être humain ne peut en avoir l’idée, que s’il investi sa conscience dans un Moi dénué de toute personnalité humaine, au profit de l’universalité d’une omniscience d’un esprit de Soi. Mais ce n’est que de cette façon qu’une personne se voit dotée de l’essence de l’Homme, qui traduit la véritable nature de ce pourquoi c’est une personne.