Par l’instant de l’expérience nous pouvons débuter un raisonnement qui implique comment nous vivons et comment nous pensons. Cela permet de donner le contenu de ce qui s’inclue dans les termes de « corps » et « d’esprit », qui sont représentatifs du rapport d’une personne à elle-même et à son milieu. Nous avons vu au travers de l’explication du principe psycho-organique comment un être vient en naissance et se développe dans un environnement qui le fait vivre. Nous voyons ici comment cet être est amené à prendre conscience, sur une inconscience de ses moyens d’existence.
C’est un grand oeuvre qui s’inscrit dans les possibilités déterministes d’un tout multidimensionnel de l’esprit individuel, sans finitude et ouvert sur une inter-dimensionnalité de conscience dont les lois d’organisation du Réel sont des possibilités offertes à la conception de nouveaux êtres et de nouveaux savoirs. Ce rapport de réalité existe entre un développement de conscience et l’inconscience qu’il peut avoir de lui-même, car c’est ainsi que l’authenticité personnelle rejoint l’unicité individuelle par la profondeur d’une intériorité consciente. Une intelligence relève d’intelligibilités d’existences bien comprises, ce n’est pas un comportement qui s’apprend, c’est une attention qui se cultive d’actions potentielles d’un milieu qui produit de l’information. La question est de pouvoir discerner ce milieu, car comme nous l’avons déjà vu ici, il faut distinguer milieu et environnement.
Toute notre expérience est conditionnée par ce temps d’horloge qui nous fait calculer nos actions en fonction d’un temps soit-disant réel. Cela doit nous permettre d’en déduire l’énergie mise en jeu et le type de causalité utilisée. Ainsi tout se joue comme si nous étions un acteur totalement immergé dans un monde répondant à nos actions, et en effet c’est bien ce qui se passe, mais malheureusement nous y laissons notre vie parce qu’un environnement se comporte toujours comme un « affamé » et redemande constamment une énergie que nous peinons de plus en plus à lui donner. Tout n’existe en premier lieu que par l’idée que nous nous en faisons, mais en second lieu, plus aucune idée ne va exister en regard de nos actions surtout si elles englobent l’ensemble de nos perceptions.
Mais cela se passe dans un idéal dont on a escamoté le chemin de progression. Plus nous approfondissons ce raisonnement et plus nous découvrons que la réalité devient le résultat de probabilités d’actions, donc notre esprit est obligé de basculer sur des constats de situation. C’est à ce niveau que l’action peut se polariser ou non, en fonction du degré d’affectivité mis dans la situation. Dans un temps de vie qui transforme la réalité par un passage du temps réel en temps imaginaire la personnalisation devient un processus d’individuation.
C’est ainsi qu’il faut voir le temps comme un producteur de conscience individuelle qui finit par rejoindre un environnement de conscience en toute chose. Il s’agit ici d’un schéma qui tend à faire voir que la réalité individuelle est fille du temps et qu’un individu ne peut être pris en compte qu’associé à son environnement comme sa personne est associée à son milieu affectif. Toute l’expérience humaine se concentre dans l’instant renouvelé du vécu, à la seule condition de permettre à chaque personne sa liberté de penser le monde. La conscience de la conscience peut donc représenter une vie libre stochastiquement déterminée.