Nous voici au centre rayonnant des études humanologiques. Nous ne pouvons nous situer personnellement au cœur de l’esprit, qu’en acceptant que la conscience ne soit pas en rapport avec la matière physique, mais exclusivement en rapport avec un vide complet de l’existence individuelle. Cette approche peut être vertigineuse, et elle l’est, si cela ne nous donnait pas la possibilité de déterminer l’exacte dimension qu’occupe l’esprit, dans le domaine d’une vie humaine. Chaque personne est avant tout un esprit de conception conceptuelle, par la découverte consciente de sa propre réalité. Une personne ne voit qu’une réalité, qu’elle se transpose à elle-même et ne vit que par cette transposition. Donc toute personne se réalise dans l’existence, grâce à sa réalité propre. Tout revient pour chacun à Soi, et pour la plupart du temps en toute inconscience, par l’omnipotence non contrôlée des facteurs de croyances. La vie par tous ses aspects potentiels n’en est pas avare.
Pourquoi alors, investir son temps dans une transformation personnelle ? Pour la maîtrise personnelle que cela apporte dans l’ensemble des domaines qui occupent toute une vie individuelle. Cela mérite un développement.
Présupposer qu’il puisse exister naturellement une transformation personnelle au cours de l’age d’une vie, produit factuellement les conditions d’une non-action psychologique puisque cette transformation est censée se faire naturellement. Pour bien comprendre de quel mécanisme il s’agit, il faut accepter de remettre en question ce que l’on perçoit et ce que l’on interprète comme relevant d’une Nature.
La Nature n’existe pas en soi, ce qui existe ce sont des rapports naturels au sens où ceux-ci sont interprétés comme allant de soi. Remettre en question l’existence même de Nature, c’est oser poser la question d’une ontologie de l’existence, en sachant que celle-ci ne coule absolument pas de soi, puisque par l’absence d’une finalité globale nous faisons correspondre une absence de cause initiale. Nous disons donc que de Nature il n’y en a pas, mais de phénomènes naturels, l’univers en est rempli. Alors reprenons l’idée centrale développée en humanologie. Notre conscience de l’existence est issue d’une conscience sans forme, ce qui permet à l’esprit de faire ses prises de conscience et de donner ainsi forme au corps humain. Celui-ci nous sert alors d’instrument pour nos comportements de la vie quotidienne.
Cela implique trois choses ; la première, c’est que l’esprit accompagne l’émergence de notre corps physique depuis sa conception. La deuxième chose, que notre corps physique est le média de nos comportements vitaux et relationnels. La troisième chose, puisque l’esprit est adossé à la conscience sans forme et que celui-ci est responsable de l’émergence de notre corps physique, alors le vide qui caractérise la conscience sans forme est plein de matière potentielle dont l’esprit en délivre des formes.
Accepter ces trois propriétés à l’origine de notre existence, demande de comprendre en premier lieu en quoi un vide plein de matière potentielle est-il de nature à se transformer en corps physique ? Par la force psychique inconsciente de l’esprit collectif à vouloir conceptualiser la nécessité d’une vie. Abruptement cela veut dire que nous sommes conçus par un désir d’autrui, ce que l’on savait déjà, consciemment ou inconsciemment. Surement est-ce là, l’origine de l’être humain à devenir un être social, sur ce plan cela n’est pas un choix individuel mais une obligation intérieure.
L’esprit est donc un domaine à multiple étages, il est social, individuel, personnel, alors pourquoi ne serait-il pas universel ? Justement, c’est à ce niveau que l’esprit nous intéresse, par l’articulation qui peut être faite entre ce qui représente le champ d’une conscience sans forme et le comportement de prise de conscience qui participe à l’émergence des possibilités physiques à développer un corps vivant. Comment un esprit à vocation variable, pourrait-il privilégier l’émergence d’un corps vivant ? Parce que l’esprit est relatif et n’existe que par ceux qui observent son existence. Ce qui dès lors qu’un esprit collectif amène à l’expression d’un désir de conception par des parents progéniteurs, permet à l’esprit de se transfère à ce qui est conçu, et se développe, l’enfant.
Dès la première cellule, un fonctionnement humain prend en charge un développement d’un corps qui se veut l’expression la plus fidèle possible d’un génome ordonné et transmis par des géniteurs. L’esprit individuel est ce fonctionnement humain qui prend place au travers d’un subconscient individuel, dont le récipiendaire n’en n’a aucune idée, puisqu’il ne peut obtenir les outils de sa transcription consciente qu’une fois son développement arrivé à la maturité d’une autonomie, ce qui correspond à son moment de naissance.