Il faut savoir que même l’existence est une réalité qui prête à transformation, d’où il en ressort une impermanence qui donne lieu à la naissance d’un mouvement moteur de croissance. Les informations sont considérées comme des éléments d’un flux temporel, dont la manifestation la plus importante est de maintenir un principe de cause à effet qui n’est que superficiel envers l’humain. En effet, il faut voir la réalité existentielle comme un foyer d’innovation permanente, qui alimente un corps de liberté. Ce qui appuie cette façon de voir peut être étayé par ce qui se laisse appréhender par les Mathématiques intuitionnistes. Leur principal apport est de réintroduire le tiers exclu des Mathématiques contemporaines. Pour faire simple, une chose existe parce-qu’il est possible de la penser, et non parce-que l’on démontre la non-existence de sa négation. Si l’intuition est à l’origine de l’existence d’une chose, seule sa réalité démontre sa possibilité de réalisation. Cela implique que le « maintenant » prime sur le « présent » du temps, car l’existence d’une chose précède à la nature de celle-ci, et c’est pour cela qu’elle peut être identifiée par ses propriétés constitutives. C’est ainsi qu’une chose est réelle maintenant, avant que les sens ne se l’approprient.
De ceci nous pouvons en conclure que l’existence du « maintenant » permet au temps lui-même de voyager, et ce au travers de la permanence d’un « présent » et l’impermanence d’un « maintenant ». Pourquoi est-ce ainsi ? Parce-que la faculté de présence fonde la légitimité du « maintenant », ce qui libère un présent de son passé et de son futur en les intégrant. Ceci laisse libre le présent d’adopter une trajectoire par la forme même qui lui est donnée par son contexte. Cette trajectoire temporelle est ainsi construite par l’accumulation des temps manquant à la conscience, grâce aux informations du contexte. C’est ainsi que l’espace est contraint par cette trajectoire, en donnant naissance à de nouvelles relations entre l’espace et le temps pour une nouvelle pensée personnelle. En effet chacun est libre de penser par soi-même, ce qui permet au nouvel espace-temps de devenir un système clos sur lui-même, c’est-à-dire une idée de l’esprit qui est susceptible de déplacement à l’intérieur d’un ensemble d’autres systèmes d’espace-temps différenciés, en clair d’autres idées. Cela met à jour une équivalence entre un univers d’espace-temps différenciés, et la nature d’une conscience à les percevoir. L’analogie devient réelle entre un univers et les différentes organisations de son cosmos.
Si une conscience est équivalente par nature à un univers d’espace-temps, alors la vie consciente devient l’exercice d’un pouvoir d’interdimensionnalité, qui contraint les différents espace-temps par leurs propriétés naturelles. Penser devient alors une forme particulière de leurs déplacements, ceux-la mêmes qui composent un univers de conscience. C’est donc ainsi qu’en humanologie, nous pouvons affirmer que le corps physique d’une personne n’est pas porteur d’une vie individuelle, mais bien porteur d’une conscience individuelle en vie. Puisqu’une chose est vraie par elle-même et non par la non-existence de sa négation, alors la raison de ce pourquoi cette chose existe est démontrée par sa seule présence du fait qu’une personne puisse en être conscient. Ainsi l’existence d’un « maintenant » dans un comportement conscient démontre par la réalité de cette présence que toute chose relève d’une conscience à la percevoir.
Ce qui donne vie à un objet est son utilisation, mais ce qui donne vie à un être est sa conscience. A quel point chaque objet peut-il être un être en puissance ? Uniquement lorsque celui-ci est agrégé par un certain degré d’intégration fonctionnelle de l’ensemble des relations qui le lient à son contexte. Cela lui donne alors son degré de complexité fonctionnelle, ce qui le fait exister réellement, à la condition que chaque élément le constituant soit une donnée de présence. Ce qui donne vie à une conscience relève d’un présent, constitué de plusieurs « maintenant », dont la succession est dévolue à un processus d’autonomisation, lui-même à l’origine d’une d’intégration fonctionnelle motivée par des temps manquant à la conscience. Il n’est plus nécessaire d’imposer l’existence d’un ordre hiérarchique antérieur sous-tendant une autonomie, mais plutôt d’entériner l’existence d’une variété d’éléments en présence, suffisante pour constituer un présent dont la réalité se manifeste par la trajectoire d’un temps particulier. C’est ainsi que nous percevons le temps qui passe, car il passe effectivement et concrètement du fait d’être lui-même en vie.
De cette argumentation démontrant l’existence du temps en soi, nous pouvons en inférer que pour tout acteur, il peut être soit dans le temps qui passe, soit participer au temps qui passe, soit être hors du temps qui passe. Un petit aparté s’impose dans cette réflexion; le voyage dans le temps est possible sans pour autant générer de paradoxe tel que celui énoncé par celui du « grand-père ». En effet, l’argument majeur des détracteurs du voyage dans le temps est qu’un acteur voyageant dans le passé ne peut « tuer son grand-père », sous peine de ne pouvoir faire naître son père géniteur de sa propre existence, puisque ceci le condamnerait à une impossibilité d’existence. Mais si le temps est une réalité naturelle de par lui-même, alors ce paradoxe n’a aucune chance de se produire car cela ne concerne pas le temps lui-même.
La fluidité du temps, c’est-à-dire sa capacité à s’écouler, devient une donnée élaborée par une conjonction des données d’un passé et d’un futur, qui font un présent sous la forme d’une information, devenant ainsi une quantité de mouvements par l’espace qu’elle déforme. Ceci est l’exacte définition d’un état de conscience. Se pose alors la question de savoir ce qu’est cet espace. Celui-ci se manifeste comme un potentiel de conscience, et c’est donc l’espace qui met à la disposition du temps des informations de nature à donner au présent l’énergie nécessaire à sa constitution. L’apparition des manifestations physiques au sein d’un « maintenant » provoque l’existence d’une présence consciente. C’est donc cet aspect remarquable qui fait conscience d’un « ici » (au sein de la personne) et d’un « maintenant » (une apparition dans l’esprit). Cette présence devient donc un facteur de lieu (ici), un facteur d’évolution (présent), un facteur de pensées (maintenant). Ce mouvement d’ouverture de l’esprit relève d’un infini perpétuel, une source. Cela signifie des possibilités d’agrégations d’idées originales grâce aux comportements de chaque nouvel élément émis par la source (l’inspiration peut-être). Un sens conceptuel émerge de facto dans l’esprit personnel, et établit par détachement progressif des idées en présence une autonomie consciente de l’existence d’un tout.
Ce qui vient d’être décrit ici est la manifestation des comportements d’une croissance vivante dans le détachement opéré par son développement. C’est au sein d’un mouvement de croissance d’une vie consciente que naissent perpétuellement de nouvelles combinaisons d’éléments sous la forme de présences en soi. C’est ici que nous percevons que l’utilisation d’une représentation fractale d’un tel processus est trop pauvre en détails de description des éléments en présence. Cette règle ne peut décrire efficacement le mouvement de croissance d’une conscience en vie. Se laisse alors percevoir au sein de ce processus ce qui peut défaire les formes de représentations et donc ainsi les causes qui les conçoivent. C’est la disparition d’une contrainte faite sur l’esprit de représentation, qui permet aux formes préconçues de s’estomper au profit de la révélation consciente d’une granulation infinie des détails de ce qui est en croissance. Nous avons alors explicitement ici ce qui est l’expression d’un donné. Celui-ci n’est que foisonnement des multiples trajectoires d’espace-temps particuliers, mais qui nécessite d’en accepter une nature du temps en trois dimensions (un sens, une fluidité, un présent). Ceci permet de laisser transparaître progressivement une réalité multidimensionnelle des formes possibles, qui peuvent faire matière au travers de leurs propriétés inconscientes.
Pour la pérennité d’un mouvement de présence consciente, l’image véhiculant l’information doit céder la place aux différents phénomènes sonores au travers des phonons, qui permettent la reproduction des fréquences et des rythmes d’apparition des éléments de croissance d’une conscience matérielle. Ne plus dépendre du contexte humain pour l’établissement de l’identité humaine renvoie à l’apparition d’une entité fonctionnelle dont la transformation est objet d’états d’esprit individuels. C’est ainsi qu’une entité fonctionnelle, par sa manifestation personnelle, entre dans un contexte social dont les comportements de communication sont communs à l’espèce donnée. C’est ce qui amène toute personne à vivre « l’ici et le maintenant », parce-que chacun a dans son esprit ce dont il peut user par l’utilisation des codes de communication spécifiques. Pour la résolution de l' »effet de matière », autre terminologie du sentiment de soi, l’entité personnelle devient une fonction sociale d’un acteur d’un changement de soi et de la perception de son environnement.